lundi 20 février 2017



Mettre les deux musiques et
baisser le son des vagues, si besoin.





.Le mot ne montre pas
le mot ne chante pas.
Il nomme, le maudit.

 

  Frédéric MUSSO

Poésie

  

 

 

 


Longitude, latitude.
Degrés, minutes, secondes
où t'a jeté le ventre de ta mère. Enfance hauturière
sous le plectre du soleil, le cœur manié par
 la violence des étés.
Chaux vive de souvenirs dangereuse jusqu’à l'extinction. 









Malencontre d'une nuit sans margelle entre
l'urgence du miel et la patience des vagues.
Brasure du temps. Craquements organiques de la douleur.
Quand tu atteins le fond de l'univers
donne un coup de pied pour remonter.


  L'espérance et la peur ont coulé à pic
dans la calligraphie des pins.
La nuit fait des ronds dans le poème.
Laisse-la troubler le miroir où tu ne reconnais plus tes images. 












L’âme fripée comme la pulpe des doigts dans la mer 
nous finissions la nuit dans l'affairement des bas cartiers.
L'aube baignait nos visages.
Nous atteignons des profondeurs d'amphore.
<< sommes nous loin
du premier matin du monde ? >>

demandait l'un d'entre nous avant
de commander à boire.


  Lavée le soir de tous les regards 
la mer venait dormir sur la plage.
Tu tenais en équilibre
sur les traces de tes pas,

bras en balanciers. Cigarette du côté large,
petite braise de naufrageur sous les étoiles.









  Le bleu dans la résille de pin, l'écho surligné
des vagues, l'aboi des ombres sous le vent.
Le presque innomé flottait dans les becquets.
Restait à ôter le pourri de la page,
peler les mots jusqu'au trognon
pour que se lève le poème.


  Des fascines de mots s'empilaient jusqu’aux cieux.
Babel bruit de prière, parole en garde à vue.

 Pour chanter il fallait creuser une mémoire de basalte.
 renouer avec l'amitié de l'amante 
et des grelots silencieux du muguet.








Telle nuit adamantine, un long regard pour trouer le ciel.
  Fontaine blanche.
Panique dans le cosmos.
Un silence fin du monde point comme une aube.
Atterré tu fourgonnes dans les réserves,
le bois flotté des métaphores.


  Tant que va la nuit sur un fil,
Va rêveur de la fine espèce, va au vin des rades
 puiser dans la citerne de l'enfance.
Va remuer la douleur restée en souffrance.









Pour entendre grain à grain l'érosion de soi
dans le sablier de l'univers qu'aucune incantation
ne peut retourner il convenait
de s'arracher à l'algèbre des ruines et
de contempler la mer sous un ciel bleu de guerre.


L'air du temps fraichissait sur la ville.
Obstiné papillon dans un vent si peu
touriste de soi tu t'éloignais du rivage et
des ruses pour rejoindre là-haut la gloire
des balcons embellis.









 Le temps glissait sur son erre.
Une créature s'attardait
aux angles mort du désir.

Elle caressait ta peau comme on dessine sur le sable
quand le soleil va se coucher.


Ruissellement de proses sous des plafonds orné.
Les culs luisaient comme dans les tableaux espagnols
que traverse un orage.
Des seins se marmorisaient à tâtons
Toi, tu caressais le silence.









La facture du poème suffisait au vertige:
recueil des grâces épuisées,
éboulement des mots, gravas de rêve.
À quoi il fallait ajouter le silence
des métaphores qui viennent à pas de colombes.


  Dieu. Le ciel et ses engelures.
De doux métaphysiciens
parcourent des rivages

où la terreur ne se lève plus à la tombée de la nuit.
 Tête basse ils cherchent des galets
dont les veines feraient une croix. 










Chaque nuit il fallait restaurer le présent
que disloquaient nos désirs.
Chaque nuit attendre une aube amicale.
Chaque nuit chanter l'inavouable beauté du monde.
Nos cœurs de mortels changeaient plus vite
que la forme de la ville.









  Depuis ton premier poème tu reconstruis
le bateau de Thésée
.  

Qu'est devenue la voile noire qui a tué le père.  
Suaire dans le goudron d'un port,
 encre d'un poulpe?
Bordé par bordé tu as changé d’œuvres vives à vingt ans 
et ton enfance est resté l'enfance.


Désencré, la mort en figure de proue,
tu écoutais les sirènes accordaient leurs instruments.
Sur la mer fumait un mirage,
l'une des mille ruses pour la traversée
des ténèbres heureuses.
La musique ne disait mot. 












Les textes sont extrait du livre

.L'EXIL ET SA DEMEURE.
Poésie
Frédéric MUSSO
 
La table ronde
 

 Le poète nous a quitté l'été 2020.

 .Le vent n'effacera pas l'empreinte de tes pas.

 
 

 Laissez le bruit de la mer, cliquez sur 
la musique. 
Baissez légèrement le bruit de la mer, qui deviendra  un bruit de fond .
 


Illustrations
Jean Claude Riera Carrosi Colombani




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